Fresque RER B La Plaine – Edition 2021

Fiche idée papier - Équipe du budget participatif, dans Budget Participatif, le 19 juin 2024

Sur le chemin de l’Ecole

Marko93 et Tarek Benaoum

2024

Peinture acrylique et aérosol

 

Cette œuvre a été réalisée dans le cadre du Budget Participatif de la ville de Saint-Denis par les artistes Marko93 et Tarek Benaoum. Les deux artistes ont travaillé à partir d’un poème intitulé «  Sur le chemin de l’Ecole » écrit par les élèves de la 5ème B du collège Iqbal Masih de Saint-Denis, encadrés par la poète Anaïs Bon.

 

Cette balade littéraire s’est transformée en paysage ornemental, rythmique et abstrait mêlant lignes, coulures et calligraphies. Bien que certains extraits du texte peuvent ressortir dans les formes géométriques, les styles calligraphiques de Marko et Tarek métamorphosent les lettres, privilégiant non pas la lisibilité du texte mais une immersion picturale. Tous deux jouent avec les pressions ou les relâchements du pinceau et de la bombe pour épaissir ou alléger les traits, multipliant les jeux de symétrie et d’asymétrie, entre les espaces vides et les pleins.

 

Ce projet a été réalisée par l’Ecluse, association loi 1901 qui imagine et produit des projets artistiques et culturels dans l’espace public.

 

 

 

Sur le chemin de l’Ecole par Vian, Lordine, Faouzia, Niamey, Christophe, Mickael, Hamza, Kevin, Anna, Jane, Lana, Yanis, Thalya, Sabri, Yateme, Koumba, Céline, Natty, Mayamana, Nassim, Samy, Reedorf, Shana, Mariam, Hanane et Anaïs.

 

« De ma fenêtre je vois des voitures pas souvent en très bon état, le ciel, des bâtiments, l’affiche de Cédric Doumbé contre Baki.

 

Par la fenêtre de ma maison je vois plein de voitures de luxe, il y a même des lingots d’or.

Je marche un peu, je passe une porte, je vois un grand miroir.

Arrivée dans le hall je pousse la porte pour sortir, je croise la gardienne à qui je dis bonjour.

 

Je sors de chez moi et je vois un grand ciel bleu.

Je vois un joli parc où l’on voit des chats, où les feuilles bougent à cause du vent.

Je marche sur un grand trottoir large ; je vois quelques voitures qui passent, des autres collégiens qui marchent sur le trottoir.

 

Je vois mon ancienne école.

Ma copine habite cette petite ruelle.

Je vois un parc avec des gens dedans, beaucoup d’immeubles, quelques kebabs. J’arrive sous un pont avec les trains qui passent. Il y a des boulangeries.

Je vois celle qui se recoiffe toujours quand il y a un gars, tout le monde dit : quelle force et quelle dose le parfum !

Je vois celui qui promène son chien.

Je vois celui qui se bat pour nourrir sa famille.

Je vois celui qui a abandonné.

Il y a ceux qui se tiennent à côté d’un café, tenant leur cigarette pour fumer.

 

Et aussi celui qui parle au téléphone fort.

Celle qui est toujours en train de boire de l’alcool.

Celui qui fait le riche alors que c’est l’assurance qui lui paie ses affaires.

Celle qui est normale.

Celle que tout le monde aime.

Celui qui mérite d’avoir un grand restaurant.

À Saint-Denis il y a plein de cités comme à Pleyel et le Pont et la Montjoie. Les cités ont une mauvaise réputation donc tout le monde croit qu’il y a des dealers bandits alors qu’il y a des personnes gentilles. Des fois il y a des descentes.

 

Si ma ville était une couleur, elle serait verte car il y a beaucoup d’arbres.

Si ma ville était un animal, elle serait un pigeon car il y en a beaucoup.

Si ma ville était un appareil, elle serait un téléphone car il y a beaucoup de personnes sur leur téléphone.

Si ma ville était un vêtement, elle serait un short car il fait souvent chaud.

 

Mon endroit préféré dans la ville c’est le parc car j’aime le paysage, l’odeur de la nature, j’entends les feuilles des arbres bouger et les oiseaux chanter. J’aime faire les jeux du parc où on doit attraper les accroches.

 

J’aime ce collège parce que les professeurs sont accueillants, gentils et expliquent bien les cours, et aussi parce que cette école c’est comme un jeu pour que nous puissions tous bien apprendre. Et je ne parle pas de mes camarades, elles sont toutes gentilles et accueillantes.

Je sens une histoire d’amitié et d’amour.

J’aime l’odeur de la nourriture, j’entends les bruits des élèves, j’ai le goût de mon chewing-gum, j’aime toucher les cheveux de ma copine.

 

Mon endroit préféré dans ma ville est ma résidence car je vois des sacs poubelle accrochés aux arbres bouger et je sens l’odeur de la nourriture de mes voisins et j’entends les pigeons chanter et je touche la poignée de la porte quand je sors de chez moi.

 

Mon endroit préféré dans la ville c’est le MF car j’aime manger des tacos là-bas, je vois des gens faire leur commande, je sens l’odeur des frites, j’entends des gens parler.

 

La ville de Saint-Denis est très spéciale car les mamans se connaissent toutes grâce à des associations de mamans. Il y a plusieurs cités dans la ville, le pont qui fait penser à Paris, il y a la Montjoie où il y a la MJ et tous nos amis, et pour finir le 120 où il y a un grand parc et un grand stade. Je me sens bien dans ma ville.

En sortant de la CB j’ai eu une grande souffrance à la poitrine.

Il y a de l’ambiance dans ma ville.

 

Dans ma tête il y a de l’argent.

Avenue George Sand je vois des grands bâtiments. En bas de chez moi se trouve un restaurant africain. Je vois de magnifiques arbres vers l’école. Il y a un bureau qui ressemble à une prison. Tout au fond il y a la police municipale. J’entends les gens du foyer en train de crier chaque midi et soir.

 

Je continue, puis je vois l’association Médecins du Monde, je marche tout droit et j’arrive au collège. Je passe aussi devant un petit parc où je vois beaucoup de gens qui travaillent à la SNCF passer par là pour aller au travail.

Je passe par la rue du Président Wilson pour pouvoir rejoindre mes copines devant le collège rue Jeumont. Certaines copines vivent au 120 et aussi à l’avenue George Sand.

 

J’attends que les surveillants ouvrent le portail pour rentrer au collège.

 

Et je finis par écrire cette lettre. »